On me pose souvent la question, à savoir si cette mission était une bonne expérience... Ce à quoi je répond que c'était une expérience inattendue, une claque...
Les raisons qui m'ont poussées à m'engager dans cette mission sont essentiellement au départ la volonté de mettre mes compétences à disposition de ceux qui le nécessitent le plus, de ne pas me dire un jour que "j'aurais pu faire quelque chose"...
Les raisons qui m'ont motivées, et qui me motivent toujours à l'heure actuelle d'effectuer d'autres missions humanitaires, sont plus différenciées. Lorsqu'on choisit de s'engager dans une carrière chirurgicale, il faut être conscient que l'on s'engage dans un monde bien particulier. Il ne s'agit pas uniquement du bistouri et des opérations, il faut se préparer à embrasser une vie faite de décisions, de responsabilités, mais aussi imprégnée de compétition, de gloire, de frustration, et d'adrénaline... Dans une situation comme en Haiti, les circonstances nous poussent à revenir à l'essentiel: les patients. Il ne subsiste plus de compétition, ni de gloire, ni de congrès, il n'y a plus qu'une relation patient-médecin, la quintescence-même de notre vocation.
De retour dans un hôpital moderne, j'apprécie de renouer avec les autres aspects de mon métier, ceux cités plus haut. Toutefois mon expérience en Haiti m'a remis en mémoire ce pourquoi j'ai choisi ce métier, la base de mon travail.
Je partirais demain si j'en avais la possibilité...