BIENVENUE A LEOGANE, HAITI
Le journal d'un chirurgien à la suite du séisme de 2010

Ce blog se lit chronologiquement de haut en bas.
Certaines images sont suceptibles de choquer la sensibilité des lecteurs.




17 - 24 février 2010

Chaque jour réserve ses surprises, bonnes ou mauvaises. Beaucoup a pu être accompli: nous avons pu organiser le transfert d'une quinzaine de patients présentant des fractures pour obtenir des radiographies. Ces transfert ont nécessité une organisation minutieuse, la seule infrastructure avoisinante possédant une radiologie étant l'hôpital militaire canadien, situé à 10 minutes de voiture. Il fallait préparer nos patients qui avaient des tractions à leur membre fracturé. Notre physiothérapeute Manoli ou moi-même devions accompagner les patients. Une fois sur place, les patients obtenaient leurs radiographies puis les images étaient gravées sur un CD, ce qui nous a permis de prendre des décisions quant au devenir de chacun de ces patients.















Mes confrères de l'armée canadienne m'ont également sollicité pour donner mon avis sur l'un ou l'autre de leur patient. Malgré une certaine compétition que se livre les différentes ONG sur place, les interactions entre confrères étaient empruntes de respect. Nous tirions tous à la même corde, celle de l'entraide mutuelle.

Les contacts avec les chirurgiens provenant d'autres ONG, principalement américaines, étaient nombreuse et constructives. Ces chirurgiens mettaient leur compétence et parfois leur matériel à notre disposition en cas de besoin. Nous en faisions de même pour eux. Ainsi, nous avons pu solliciter des confrères chirurgiens plasticiens, chirurgiens de la main ou encore orthopédistes-pédiatres, confrères que je tiens à remercier dans ces lignes: Craig, Christina, Phil, Tim, Anthony et les autres...

































Benjamin n'en revenait pas: nous avions réussi à organiser un consilium multidisciplinaire pour discuter de quelques cas difficiles avec nos confrères américains. Notre petit hôpital de campagne prenait des airs de centre universitaire, un souvenir inoubliable, et un événement utile pour nos patients puisque nous avons pris des décisions importantes, notamment des indications de transferts pour effectuer des fixations internes de fractures: une infrastructure allait débuter ce programme ambitieux dans un avenir proche à l'hôpital MSF St Louis à Port-au-Prince, déjà submergé par les demandes...















Le matériel que nous avions à disposition à Léogâne était suffisant pour les traitements de base que nous proposions, mais nettement insuffisant par rapport à ce qu'exigeait la situation. Nous manquions cruellement d'infrastructure permettant la fixation interne par plaques/vis ou enclouages centromédullaires.

Les premières interventions effectuées les jours suivant le séisme se sont souvent soldée par des échecs. Les interventions ont soit été effectuées de manière inadéquate, dans des infrastructures inadaptées et ont trop souvent donné lieu à des complications, notamment des infections nécessitant de nombreuses reprise chirurgicales. Beaucoup de cas étaient malheureusement dépassés et nécessitaient une prise en charge impossible à effectuer en Haiti, faute d'infrastructure adaptée.

Nous avons traité des centaines de cas, souvent de manière appropriée, parfois de manière désespérée, mais toujours avec la conviction que nous faisions de notre mieux pour nos patients.