BIENVENUE A LEOGANE, HAITI
Le journal d'un chirurgien à la suite du séisme de 2010

Ce blog se lit chronologiquement de haut en bas.
Certaines images sont suceptibles de choquer la sensibilité des lecteurs.




Florilège de cas

Ces deux semaines furent riches en expérience. J'ai vu plus de cas au cours de cette quinzaine qu'en deux ans de pratique dans un hôpital "occidental". Les plaies étaient nombreuses, certaines étaient infectées, voire même "infestées" d'asticots, parmi d'autres surprises...


















Les cas désespérés étaient nombreux, la frustration engendrée était d'autant plus amer que la prise en charge de ce genre de cas fait partie de mon cahier des charges au quotidien dans mon activité professionnelle en Suisse.
Il s'agissait de fractures nécessitant une chirurgie standard et protocolaire dans n'importe quel centre de traumatologie, sauf ici en Haiti, où la chirurgie était limitée par les infrastructures détruites ou inadaptées...

Je me souviens de cet homme qui se présente à notre service d'urgence avec une plaie à la paupière. Malgré l'instauration d'antibiotiques, la plaie s'infecte rapidement, on pense à un Anthrax... Le patient a dû être intubé en urgence en raison de difficultés respiratoires, son visage était tellement tuméfié que l'intubation a été effectuée in extremis. Il ressorti vivant de son aventure, mais perdit son oeil...















Durant cette période et parmi de nombreux autres cas, je me souviens avoir pris en charge un homme d'une quarantaine d'années avec une fracture complexe du fémur proximal, son membre inférieur était raccourci et en rotation externe. Il voyait un médecin pour la première fois, trois semaines après le séisme. J'ai dû réduire sa fracture en effectuant une manoeuvre pour la re-casser et placer le membre en traction surélevée.





























De nombreux enfants ont été pris en charge dans notre infrastructure, notamment des plaies, dont celle de ce garçon de 6 ans avec une plaie par dégantage du cuir chevelu. La fermeture de cette plaie a nécessité plusieurs interventions, dont des lambeaux de rotation effectués par un chirurgien plasticien "de passage".

Une petite fille de 9 ans présentait des symptômes d'ostéomyélite de son fémur. Son cas a intéressé plusieurs de nos confrères que nous avons sollicité, un diagnostic différentiel de sarcome avait été évoqué au vu des radiographies que nous avons pu effectués. Nous avons entrepris une biopsie osseuse dont les prélèvements ont été adressés aux USA pour analyse. Le verdict nous a rassuré: il s'agissait bien d'une ostéomyélite qui a pu être traitée par antibiothérapie.

Nous disposions de trois type d'antibiotiques: une Céphalosporine de première génération, une Pénicilline et de la Ciproxine.

Le quotidien réservait également son lot de situations inattendues: la traumatologie de tous les jours devait également être prise en charge: les gens tombaient des motos, des camions, se faisaient renversés ou écrasés.
Nous recevions également les appendicites, les cas de Tetanos, Malaria, fièvre de Dengue etc..